Le blog ados de la médiathèque François-Mitterrand de Poitiers

Le blog ados de la médiathèque François-Mitterrand de Poitiers et son réseau

Infiltré / Laurent Petitmangin

 (Actes Sud jeunesse, 2024) 


À Berlin en 1967, Dietrich vit du côté Est du mur. Comme d'autres camarades, il emprunte un tunnel pour passer à l'Ouest et commencer une nouvelle vie aux États-Unis. Laissant derrière lui la Caserne de mathématiques et de sciences où il résidait en RDA, il rejoint la prestigieuse université californienne de Stanford. Il sympathise avec d'autres étudiants du campus et continue la recherche scientifique. Pour le lecteur, le doute plane. Dans quel camp est le jeune homme ?

Infiltré est un remarquable petit roman (150 p.) par un auteur primé du Femina des Lycéens avec Ce qu'il faut de nuit. C'est également aux lycéens que s'adresse ce récit, car le contexte de la guerre froide nécessite un minimum de connaissance, et la langue, ciselée, est assez littéraire. Outre l'aspect historique, le roman évoque la nécessité de savoir faire des choix, parfois dans un délai très court.

On dira que je suis toi / Lily-Belle de Chollet

 

(Nathan, 2024)

Juliette et Elena, meilleures amies, se ressemblent physiquement. Alors qu'Elena doit intégrer un pensionnant en Suisse, Juliette est censée aller habiter en Bretagne chez son père qu'elle n'a pas vu depuis 6 ans. N'étant ni l'une ni l'autre ravie de ce qui les attend, elles décident d'échanger leurs vies.

Surprise lors de l'arrivée en Bretagne de la fausse Juliette :  le père s'est remarié et a deux jeunes enfants. Quant à la nouvelle pensionnaire, elle rencontre d'autres élèves, certains très sympa, d'autres beaucoup plus arrogants. Une romance se profile pour l'une d'entre elles.

Globalement, les deux trouvent leur compte dans cette organisation. Mais combien de temps peut durer cette situation ?

On dira que je suis toi est un vrai roman coup de cœur. L'idée accrocheuse de l'échange tient ses promesses, les détails ayant été bien réfléchis. Les chapitres alternent entre les deux adolescentes. Le roman aborde surtout le thème de la famille mais également des sujets annexes. L'ensemble est habilement traité, aussi bien du point de vue de la psychologie que de l'écriture. L'émotion est au rendez-vous.

Les éphémères T.1 / Jeff Lemire

(Futuropolis, 2023)


Une petite ville du Canada subit une invasion d'insectes volants. Une jeune adolescente laissée pour compte découvre un homme blessé dans une grange. Elle décide de l'aider, bien qu'il soit recherché pour meurtre. L'histoire bascule dans le fantastique.

Le format de cette BD est celui d'un comic, mais le trait à l'encre est beaucoup plus libre et colle bien à l'atmosphère sombre du récit. Le noir et blanc est sublimé par quelques touches d'aquarelle où ressort le manteau rouge de Fran. La lecture de ce premier tome nous laisse en attente du deuxième qui viendra clore cette histoire intrigante.

Germaine Cellier, l'audace d'une parfumeuse / Béatrice Égémar et Sandrine Revel

 

(Nathan, 2023)

Après une scolarité en pension avec sa turbulente cousine Catherine, la jeune Germaine Cellier étudie la chimie. Ce sont les années 1920. Germaine commence à s'intéresser aux parfums célèbres, tels Chanel n°5 ou Shalimar de Guerlain. Embauchée à 17 ans dans un laboratoire où elle vérifie la qualité olfactive des produits, la jeune femme se fait remarquer pour son "nez" exceptionnel. Elle baigne dans le milieu culturel parisien. La guerre arrive, et la capitale est occupée. C'est dans ce contexte qu'on confie à Germaine la création de son premier parfum, Bandit, qui sort en 1944 pour la maison  Robert Piguet. Elle créera d'autres parfums innovants.

Béatrice Égemar, la scénariste de ce roman (bio)graphique, est une habituée des romans historiques pour la jeunesse. Les dessins et couleurs délicats de Sandrine Revel illustrent à merveille ce récit qui donne envie de se précipiter dans une parfumerie pour humer les compositions audacieuses de Germaine Cellier. Même si ce n'est pas le sujet principal, la BD propose également un angle intéressant pour aborder le sujet de l'Occupation.

Voleuse / Lucie Bryon

 

(Sarbacane, 2022)


Ella est en crush sur Madeleine, une fille de son lycée. Après une soirée trop alcoolisée, la jeune fille se réveille chez elle au milieu d'objets qu'elle avait vus dans la maison où se tenait la fête. Son coup de cœur s'avère réciproque car Madeleine a obtenu son adresse et passe la voir. Cette dernière se plaint que des objets ont disparu de chez elle. Ella se trouve dans une situation bien embarrassante.

Voleuse est le premier roman graphique de Lucie Bryon, qui publiait jusque là pour la presse et l'édition jeunesse. Son trait rond et chaleureux attire immédiatement la sympathie. Une déclinaison de demi-teintes agrémente le noir et blanc et lui donne un aspect rétro.

Cette BD qui parlera à un public de lycéens et de jeunes adultes aborde les sujets de la kleptomanie, mais aussi de l'idéalisation des autres, de l'honnêteté au sein du couple, de la jalousie en amitié.



Mangaka T.1 / Thibault Vermot

 (Casterman, 2024)

Asuka, lycéenne japonaise, rêve de devenir mangaka. Elle dessine depuis son plus jeune âge, mais son amie Hina qui écrivait des scénarios se détourne d'elle pour fréquenter des filles plus populaires. Alors que sa famille, qui la soutient dans sa passion, l'inscrit à un concours de découverte de jeunes talents, un nouveau garçon assez mystérieux arrive dans sa classe.

Pendant ce temps-là, des jeunes filles sont retrouvées inconscientes sur les quais du port de la ville, comme mordues par quelqu'un ou quelque chose.

Ça a l'aspect d'un manga, le format d'un manga, l'atmosphère d'un manga, mais attention, Mangaka est un roman ! Est-ce une stratégie pour faire lire davantage de texte aux fans de BD ? Ceux-ci peuvent en tous cas y retrouver des éléments familiers au manga dans un mélange de thriller, de fantastique et de vie du lycée. 

Cette série prévue en 4 tomes a été écrite dans le cadre du Feuilleton des Incos, niveau 3e/lycée.


Remise du Prix des Collégiens de la Vienne à Benoît Séverac

 


Ce matin, jeudi 13 juin 2024, Benoît Séverac était présent à Poitiers pour recevoir le Prix du Roman des Collégiens. L'auteur des Sœurs Lakotas, publié aux éditions Syros, rencontrait les élèves participants de 18 collèges de la Vienne dans un amphithéâtre du campus universitaire.




La rencontre a été lancée par la projection de courtes vidéos réalisées par des collégiens, bandes-annonces du roman. Bravo à l'inventivité des élèves, usant parfois de plans originaux et assez géniaux !

L'auteur a chaleureusement remercié les élèves (surtout des 4e, quelques 5e et 3e) d'avoir voté pour son roman. Il a expliqué que remporter un tel prix avait de réelles répercussions sur la vie d'un livre, aussi bien sur le plan économique que de la notoriété, à une époque où tant de romans paraissent qu'il est difficile de se distinguer. 

Benoît Séverac a également fait part de sa réticence initiale à écrire sur les indiens Lakotas, qu'il a rencontrés lors de séjours aux Etats-Unis, étant tellement marqué par cette expérience qu'il ne se sentait pas légitime en tant qu'Européen pour en parler. C'est un autre amérindien rencontré 10 ans plus tard qui l'a encouragé à se lancer.

Il a dévoilé que son prochain roman pour ados - il écrit également pour les adultes en parallèle - aurait pour cadre l'Angleterre des années punk.

Benoît Séverac lauréat du Prix du roman des collégiens


C'est l'auteur Benoît Séverac qui remporte l'édition 2024 du Prix du Roman des Collégiens de la Vienne avec son roman Les Sœurs Lakotas publié aux éditions Syros.




L'auteur sera à Poitiers le jeudi 13 juin pour recevoir son prix et échanger avec les collégiens participants, de niveau 4e.
L'après-midi, des groupes d'élèves visiteront la Médiathèque François-Mitterrand.
 
La Médiathèque avait déjà eu le plaisir de recevoir Benoît Séverac en 2019 à l'occasion de (H)auteurs d'ados.

Les autres romans en lice étaient :

- 113 raisons d'espérer / Marie Colot
- Au nom de Chris / Claudine Desmarteau
- Les semblables / Christine Féret-Fleury et Geneviève Lecourtier


  






Les 7 vies de Léo Belami / Nataël Trapp

(R. Laffont, 2021)

Au lycée de Léo, 17 ans, on rend hommage à Jessica Stein, une élève morte assassinée dans les années 80. Un matin, l'adolescent se réveille en 1988 dans la peau d'un garçon de l'entourage de Jessica. Il découvre une époque différente ainsi que certains éléments sur la jeune fille avant de se réveiller à nouveau dans son propre corps. Les jours suivants, retour en 88 mais incarné dans d'autres personnes... Grâce à ces allers et retours, Léo espère pouvoir découvrir l'identité du coupable et faire en sorte que le meurtre ne se produise pas.

Chaque incarnation apporte des questionnements à Léo, forcé de se mettre à la place des autres. Il découvre ce que c'est que d'être une fille, d'être mis de côté etc. Il rencontre trente ans plus tôt certains personnages de son entourage présent. Les notions de liberté, de destin, de libre-arbitre sont au centre d'une intrigue par ailleurs bien menée dans un roman accessible dès la fin du collège.

Eizôken !! Pas touche à nos animés / Sumito Ôwara

 (Nobi Nobi, 2023)


Asakusa et Kanamori sont lycéennes. La première a une imagination débordante et est passionnée par les films d'animation. La deuxième, plus terre à terre, est douée pour faire avancer des projets. Elles vont créer un club d'animé avec Mizusaki, une autre élève très motivée mais dont les riches parents s'opposent à ce qu'elle dessine. Un vieux hangar va leur servir de quartier général. Pour décrocher un budget auprès du lycée, elles se mettent dans l'urgence à travailler sur un court-métrage.

Ce manga permet de découvrir les coulisses de la fabrication d'un animé, ou du moins les débuts. Les différences de caractère entre les filles apporte une touche humoristique, entre l'autoritarisme de Kanamori et les mondes fantastiques inventés par Asakusa. Avec ses personnages dessinés assez simplement, le graphisme du manga est en accord avec son sujet. 

À lire dès le collège.

Himawari house / Harmony Becker

 (Rue de Sèvres, 2023)


Nao est à demi japonaise mais a principalement grandi aux Etats-Unis. Après avoir terminé le lycée, elle part s'installer au Japon à la recherche de ses racines. Elle s'installe à la Maison Himawari. Elle y vit en en colocation avec quatre autres jeunes, dont deux jeunes femmes qui deviennent ses amies. Originaires de Corée et de Singapour, elles non plus ne maîtrisent pas bien la langue. Pour compléter la maisonnée, deux frères japonais, l'un plus taciturne, l'autre plus expansif.

L'autrice de ce roman graphique (d'inspiration autobiographique ?) est Harmony Becker, qui avait déjà illustré Nous étions les ennemis. On retrouve son dessin qui mêle influences occidentales et manga (usage ponctuel de petites caricatures esquissées à l'effet comique, constrastant avec un trait plus détaillé).

Chacune des trois jeunes filles s'exilée au Japon pour avancer dans sa vie, que ce soit en s'émancipant de ses parents ou en cherchant son identité. L'histoire montre la difficulté de vivre dans un pays étranger à cause de l'incompréhension linguistique et culturelle, mais aussi une amitié qui se crée pour surmonter ces obstacles.


Les petites reines / Magali Le Huche

 

(Sarbacane, 2024)


Les petites reines est l'adaptation en BD par Magali Le Huche du roman de Clémentine Beauvais, devenu un best-seller.

C'est donc l'histoire de trois adolescentes élues "boudins" de l'année par un cruel concours de leur lycée de Bourg-en-Bresse. Ayant chacune une raison de se rendre à Paris, Mireille, Hakima et Astrid entament un périple à vélo vers la capitale. Leur équipée est rapidement relayée sur les réseaux sociaux.

Si on perd un peu de la drôlerie du roman, cette BD est tout de même à saluer car le trait sympathique de Magali Le Huche colle à merveille à nos trois héroïnes. 

Et surtout, le propos est toujours aussi pertinent : "C'est un peu la merde de devenir femme dans un monde où les mecs en sont encore à faire des concours de boudins".

Le grand large / Jean Cremers

 

(Glénat, 2024)

Léonie, une jeune adolescente, est chassée par ses parents hors de la cabane familiale. Ils la poussent sur une barque, avec pour tout équipement quelques casse-croûtes et un harmonica. La voilà lancée vers le grand large. Elle croise vite d'autres embarcations de jeunes, eux aussi à la merci des éléments. Elle fait vite bateau commun avec Balthazar, un jeune garçon muet. Dans leur recherche de la terre ferme, ils croisent la route d'Agathe, une femme plus mûre ballotée par les flots depuis longtemps. En proie à la faim, à la soif et aux assaillants, survivre est un combat de chaque instant.

 Cet épais album BD propose une histoire originale et des dessins de grande qualité. L'aventure maritime peut être lue au premier degré ou bien comme une métaphore de la vie où chacun cherche son chemin, des moments de grâce survenant parfois parmi les difficultés. 

En attendant lundi / Tomomi Abe

 (Akata, 2022)


Mizutani est entrée au collège. On lui fait comprendre qu'elle doit désormais laisser derrière elle les "gamineries", jeux d'imagination et sportifs et qu'elle devrait prendre exemple sur sa sœur qui rentre davantage dans le cadre. Elle est décalée par rapport aux autres filles, qui s'intéressent aux produits de beauté, aux garçons. "À la traîne" ou différente par nature ?

De son côté, Tsukino subit des moqueries pour son côté féminin et parce qu'il joue avec des élèves de primaire. Leurs bizarreries s'accordent, et s'ils s'ignorent au collège, les deux décident de se retrouver en secret tous les lundis soirs dans la cour pour laisser libre cours à leurs personnalités.

Bien qu'ils développent un lien très fort, malentendus et maladresses les font s'éloigner l'un de l'autre. 

Très belle histoire que ce manga en 2 tomes, à conseiller aux jeunes ados mais aussi à tous ceux qui ont gardé une âme d'enfant.

Elsie T.1 Une dernière fois / Catherine Francoeur

 (Kennes, 2020)


Elsie est une jeune québécoise de 17 ans. Lorsqu'elle est arrivée dans son quartier dix ans plus tôt, elle a sympathisé avec une voisine âgée, Francine. Elle s'est beaucoup attachée à cette dernière, avec qui elle avait des discussions au sujet de l'au-delà. Lorsque Francine décède, l'adolescente dévastée cherche à tout prix à rester en contact avec l'âme de son amie. Elle décide d'organiser une séance de spiritisme. Ce qui n'est pas sans danger, comme elle va en faire l'expérience.

Bien que l'héroïne soit plus âgée, l'écriture est simple et le niveau de frayeur reste raisonnable : ce roman est à recommander dès le collège. Deux autres tomes complètent cette trilogie.