(Syros jeunesse, 2012)
Les muscles des jambes en feu, les yeux fatigués par la Nox, je vous adresse ces quelques mots en direct de la Ville Basse.
Pour vous écrire, je dois effectuer quelques pas douloureux. Les chenillettes sous mes chaussures activent une dynamo convertissant mes efforts en énergie, seul moyen pour produire de l'électricité. Ma lampe frontale éclaire faiblement mon carnet.
Il n’est que 14H. Pourtant, dans les ruelles de la Ville Basse, l’obscurité rampe sans espoir de jour. Un nuage toxique, la Nox, a avalé le soleil.
Ici, le statut social se reflète dans la situation géographique des maisons. Plus on vit en altitude, plus l'air est respirable, plus on est riche. La ville haute, baignée de soleil et d'air pur, est réservée aux nantis.
La révolte gronde. Les miliciens la répriment dans le sang.
Une main s'abat sur mon épaule. Réprimant un cri d'effroi, je tente de calmer ma respiration (ne jamais s'énerver pour limiter l'absorption d'air vicié). L'individu se place volontairement dans le faisceau de ma lampe : c'est mon contact, Lucen, 17 ans. Ayant grandit dans la Ville Basse, il se déplace sans hésitation dans le noir. Inquiet, il se confie dans un murmure : ses amis d'enfance, rattrapés par la dureté de leur monde, s'entredéchirent. Rester neutre est souvent assimilé à de la lâcheté. Ses parents veulent hâter son mariage. L'espérance de vie est courte, il n'y a pas de temps à perdre. En plus, il a promis de rendre un petit service. Il va devoir aller dans la ville haute, en toute illégalité, cette nuit même. Sur le qui-vive, il me quitte déjà en me conseillant de ne pas m'attarder et disparaît dans le noir.
Pour vous écrire, je dois effectuer quelques pas douloureux. Les chenillettes sous mes chaussures activent une dynamo convertissant mes efforts en énergie, seul moyen pour produire de l'électricité. Ma lampe frontale éclaire faiblement mon carnet.
Il n’est que 14H. Pourtant, dans les ruelles de la Ville Basse, l’obscurité rampe sans espoir de jour. Un nuage toxique, la Nox, a avalé le soleil.
Ici, le statut social se reflète dans la situation géographique des maisons. Plus on vit en altitude, plus l'air est respirable, plus on est riche. La ville haute, baignée de soleil et d'air pur, est réservée aux nantis.
La révolte gronde. Les miliciens la répriment dans le sang.
Une main s'abat sur mon épaule. Réprimant un cri d'effroi, je tente de calmer ma respiration (ne jamais s'énerver pour limiter l'absorption d'air vicié). L'individu se place volontairement dans le faisceau de ma lampe : c'est mon contact, Lucen, 17 ans. Ayant grandit dans la Ville Basse, il se déplace sans hésitation dans le noir. Inquiet, il se confie dans un murmure : ses amis d'enfance, rattrapés par la dureté de leur monde, s'entredéchirent. Rester neutre est souvent assimilé à de la lâcheté. Ses parents veulent hâter son mariage. L'espérance de vie est courte, il n'y a pas de temps à perdre. En plus, il a promis de rendre un petit service. Il va devoir aller dans la ville haute, en toute illégalité, cette nuit même. Sur le qui-vive, il me quitte déjà en me conseillant de ne pas m'attarder et disparaît dans le noir.
Nox, c'est une plongée dans un monde oppressant évoqué avec force. Les personnages sont tiraillés entre leurs amitiés, la loyauté familiale. Ce sont des gens du commun confrontés aux choix cornéliens qu’impose tout système totalitaire. On ne peut s’empêcher de se demander « Et moi, qu’aurais-je fait ? »
Rédactrice : Estelle L. (Couronneries)
Disponible : Couronneries, Médiathèque
Cote : SFj GRE 1
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