Le contour de toute les peurs/ Guillaume Guéraud

Clément, un ado de 13 ans rentre chez lui après ses cours. La porte d'entrée est mal fermée ce qui lui paraît étrange.
Il entend du bruit dans le bureau de sa mère, mais n'y prête pas attention. Elle doit être en train de trier ses papiers…
Le bruit se fait de plus en plus fort, des bruits de feuilles froissées, déchirées.
Elle doit être drôlement énervée aujourd'hui !!!
En regagnant sa chambre, il passe devant le bureau de sa mère et là, il voit un homme qu'il ne connaît pas en train de tout saccager autour de lui, l'homme se retourne .C'est à ce moment que la vie de Clément va basculer.
Au lieu de fuir, il reste paralysé, pétrifié…

On apprend rapidement, que cet homme veut se venger de l’avocate qui a osé défendre sa femme coupable d’avoir tué leur petite fille de 18 mois en lui agrafant la bouche, lasse de l’entendre pleurer.
En l’absence de la mère, l’homme va s’en prendre à Clément son fils, le rouer de coups, le ligoter. Pendant son calvaire, Clément essaye de se raccrocher à des souvenirs, de faire le contour de toutes ses peurs, de penser à des choses anodines, futiles, c’est sa manière de lutter contre l’angoisse, la peur. Passées quelques heures, l’homme va retourner sa violence contre lui même, en s’automutilant avec une agrafeuse, il finira par partir en laissant la vie sauve à Clément (et à sa mère), mais en lui promettant de revenir.

Le livre de Guillaume Guéraud nous montre comment chacun se reconstruit à la suite d'un traumatisme. La peur ne nous quitte pas, elle est quotidienne, envahissante.
L'attitude de la mère de Clément est ambivalente.
Elle dit à un copain de son fils qui lui demande si en tant qu’avocate, elle défendrait l'homme qui a battu son fils: « je ne le défendrai pas moi même, mais je tiens quoi qu'il arrive à ce que ce criminel soit défendu par un avocat »
Mais en même temps, cette juriste qui connaît bien les ficelles du métier, va tout mettre en oeuvre pour que ce dernier est la peine la plus lourde.
L’avocate est avant tout une maman, elle réagit comme toutes les mères de famille, elle dit vouloir laisser faire la justice, mais ce qu’elle souhaite avant tout, c’est venger son fils.

L’écriture de Guillaume Guéraud est efficace, les phrases sont courtes, percutantes, sans fioriture ni digression. Le vocabulaire employé est simple, le langage familier. L’auteur a choisi de nous faire entrer directement dans les pensées de Clément, c’est ce qui donne à ce récit une grande réalité.
Le roman aborde un sujet difficile qui est rarement abordé dans les romans ados.
L’auteur ne se contente pas de juger la violence d’un homme. Il nous explique les racines de cette violence, cela évite un manichéisme qui rendrait ce récit moins efficace.
Le lecteur, en terminant le livre n’a pas de certitude, mais il reste un questionnement qui est tout aussi intéressant. S’il ne fallait retenir qu’une phrase de ce livre ce serait celle-ci « Plus on cherche à oublier quelque chose et plus on s’en souvient ».

Rédacteur Cécile Royer ( Médiathèque F.M.)
Disponible : Médiathèque ( Rj GUER) et Trois Cités (J/R GUE)